Résidence services vs EHPAD : quelles différences fondamentales ?

Avant de parler directement du passage de l'une à l'autre, il est essentiel de comprendre ce qui les différencie. Ces deux types de structures n’ont pas les mêmes objectifs ni publics cibles.

La résidence services : autonomie et confort avant tout

La résidence services est une solution pensée pour des seniors autonomes, capables de gérer leur quotidien, mais désireux de vivre dans un environnement sécurisé et convivial. Ces établissements offrent des logements privatifs (studios ou appartements) équipés, associés à des services à la carte : restauration, ménage, activités de loisirs, et parfois aides ponctuelles. Tout est conçu pour conserver un maximum d’indépendance tout en bénéficiant d’un cadre rassurant.

L’EHPAD : un accompagnement médicalisé pour les personnes en perte d’autonomie

L’EHPAD, en revanche, s’adresse majoritairement aux personnes âgées dépendantes, nécessitant un cadre médicalisé. Chaque résident dispose également d’un logement privatif, mais l'accent est mis sur l’accompagnement quotidien : aides pour les actes essentiels (toilette, déplacements, repas) et suivi médical renforcé grâce à la présence d’infirmiers, d’aides-soignants et de médecins coordonnateurs. Les établissements sont spécifiquement adaptés à des pathologies comme la maladie d’Alzheimer ou les troubles moteurs sévères.

Quand le besoin de transition se fait ressentir

Si une personne âgée connaît une diminution de ses capacités physiques ou cognitives, la résidence services peut ne plus suffire. Cependant, cette transition n’est pas toujours anticipée par les familles. Voici comment détecter les signes signalant qu’un passage vers un EHPAD peut devenir nécessaire :

  • Déclin de l’autonomie : la personne a de plus en plus de difficultés pour gérer des tâches simples du quotidien, comme préparer ses repas ou faire sa toilette.
  • Apparition de pathologies : maladies neurodégénératives (comme Alzheimer) ou complications physiques demandant une surveillance médicale accrue.
  • Isolement social : bien que la résidence services offre un cadre collectif, certaines pathologies peuvent éloigner les résidents de la vie communautaire, augmentant le risque de repli sur soi.

Les démarches administratives pour passer d’une résidence services à un EHPAD

Passer d’une résidence services à un EHPAD nécessite des démarches spécifiques. Contrairement à ce que beaucoup imaginent, ce n’est pas un simple transfert sortant d’un même cadre juridique. Les deux structures relèvent de réglementations et de modalités distinctes.

1. Évaluer le niveau de dépendance avec un médecin

L’entrée en EHPAD est conditionnée à la dépendance. Cette évaluation passe par la grille AGGIR (Autonomie Gérontologique Groupe Iso-Ressources), utilisée pour mesurer la capacité d'autonomie d’une personne. Le GIR, allant de 1 (perte d’autonomie très importante) à 6 (autonomie complète), détermine également les aides financières possibles comme l’APA (Allocation Personnalisée d'Autonomie).

Bon à savoir : Les EHPAD accueillent généralement des résidents classés GIR 1 à 4. Si la personne est encore trop autonome (GIR 5 ou 6), d’autres solutions intermédiaires peuvent être envisagées avant une arrivée en EHPAD.

2. Trouver un EHPAD adapté

Contrairement à certaines idées reçues, il n’existe pas de "pont" automatique d'une résidence services vers l’EHPAD le plus proche. La famille ou la personne concernée doit rechercher un établissement répondant au mieux à ses besoins : proximité géographique, spécialisation (notamment si pathologie spécifique), et budget.

  • Les coûts : En 2022, le coût médian mensuel pour une place en EHPAD en France était de 2 200 euros, mais peut aller jusqu’à 3 000 euros ou plus selon l’établissement ou la région (source : CNSA).
  • Disponibilité : Les places en EHPAD sont souvent limitées. Cela peut entraîner des délais d'attente qui compliquent l’organisation de la transition, surtout en cas d’urgence.

Astuce : Préparer dès que possible un dossier avec les pièces nécessaires : justificatifs d’autonomie (grille AGGIR et bilan médical), pièces administratives (carte d’identité, justificatif de revenus) et coordonnées des proches aidants.

3. Mettre en place les aides financières

Le passage en EHPAD peut représenter une charge financière importante. Heureusement, plusieurs aides sont accessibles :

  • L’Allocation Personnalisée d’Autonomie (APA) pour couvrir une partie des frais liés à la dépendance.
  • L’Aide Sociale à l’Hébergement (ASH) pour les personnes ne disposant pas de revenus suffisants. Dans certains cas, une récupération sur succession est toutefois possible.
  • Les aides fiscales : une réduction d’impôt est possible pour les frais d’hébergement en établissement médicalisé.

À noter : Ces démarches peuvent paraître complexes. N’hésitez pas à solliciter l’assistante sociale de la résidence services ou celle de la commune pour vous accompagner.

Les freins et solutions pour une transition en douceur

Malgré une bonne préparation, le passage vers un EHPAD peut être semé d’obstacles, qu’il s’agisse des aspects psycho-affectifs ou des difficultés organisationnelles. Heureusement, des solutions existent pour faciliter cette transition.

Le défi de l’acceptation

Pour beaucoup de seniors, quitter une résidence services pour un EHPAD peut être vécu comme une perte supplémentaire d’autonomie, ou même une forme de « mise à l’écart ». Cela peut provoquer des résistances, voire un refus catégorique. C’est pourquoi une communication bienveillante est essentielle.

Conseils :

  • Impliquez la personne dans le choix de l’établissement, autant que possible.
  • Allez visiter l’EHPAD avec elle pour désamorcer ses appréhensions.
  • Confiez vos doutes et vos craintes à l’équipe soignante en EHPAD : elle est habituée à accompagner ces transitions.

Les enjeux logistiques

Entre la résiliation du bail en résidence services, le déménagement des affaires personnelles et la coordination des nouvelles démarches administratives, la transition peut devenir contraignante pour les familles.

Pour s’organiser :

  • Prévoir un accompagnement le jour du déménagement pour que la personne âgée ne se sente pas isolée durant le processus.
  • Faire progressivement entrer des meubles et objets familiers dans le nouveau logement de l’EHPAD, pour recréer un sentiment d’appartenance.
  • Solliciter l’équipe de l’EHPAD pour une intégration progressive (par exemple, en organisant une journée-test avant une installation définitive).

Et après le passage en EHPAD ?

Une fois la transition effectuée, l'accompagnement ne doit pas s’arrêter. Entretenir le lien familial et social reste crucial pour le bien-être du résident. Organiser des visites régulières, maintenir un contact téléphonique, et participer aux projets de l’établissement sont autant de manières de garantir une adaptation réussie. Finalement, bien que parfois perçue comme une période complexe, cette transition peut aussi être le début d’un nouvel équilibre pour la personne âgée, en adéquation avec ses besoins évolutifs.

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